Derniers instants d'une vie de Champion...
Les
passions se sont éteintes. Les bruits
se sont tus. Cette
arène du football
semble soudain remplie d'un vide
vertigineux, au silence uniquement
balayé par le battement d'ailes
d'une mouette de passage qui sillonne
les airs d'une façon curieuse, comme
si elle cherchait à percevoir un
hypothétique signe de vie.
En vain toutefois,
puisque ce gigantesque récipient
à clameurs porte désormais en lui un vide
absolu et une sorte d'ivresse d'un
soir au goût acide de l'instant
qui suit une bataille.
***
Sur le terrain,
en y regardant de plus près on distingue
pourtant la forme d'un homme. Il est
assis sur la pelouse, en plein dans
le rond central et les mains appuyées en arrière
sur le sol. Il regarde le ciel d'un
air pensif mais apparemment
amusé, faisant sans doute au passage un
clin-d'oeil à la mouette curieuse
qui tourbillonne dans ce ciel peint,
non pas aux couleurs d'une nation,
mais aux
reflets chatoyants d'un beau crépuscule d'été.
L'homme arbore son
nom ainsi que le
numéro 7 au dos de son maillot. Un
7 de couleur ocre jaune,
et dont la brillance apporte un éclat à cette image de solitude
du joueur, perdu sur l'immense
tapis de verdure de cette gigantesque
arène.
***
Les tribunes
et les gradins sont vides, désespérément
dépouillés de tout mouvement et
de toute trace de vie,
quoique... Là haut au 7è rang,
blotti derrière un dossier de chaise,
se tient un petit homme l'air visiblement craintif
et qui semble vouloir se cacher. Son visage alterne visiblement
entre peur
et stupéfaction; entre crainte d'être
découvert et admiration. Son regard
fixe l'homme affichant une solitude fondue dans une gigantesque piscine verdoyante
à laquelle il semble attaché.
Après avoir balayé des yeux tout
son environnement, le joueur ne manque pas
de remarquer le gamin. Après
quelques instants, il se lève
tranquillement afin de traverser la
moitié de terrain qui le sépare des gradins, et
se dirige d'un pas lent mais sûr
en direction
du gosse, qui désormais paraît aussi
immobile qu'une statue, incapable
de cacher les parties de son corps
non dissimulées par la dossier de
la chaise qui lui sert de fragile
cachette.
Le refuge du
petit espion devient de
plus en plus précaire au fil des
pas que le joueur fait vers lui.
Il est terrassé et raide, comme s'il voyait un ogre se diriger vers
lui avec la ferme intention de le dévorer
et sans qu'il puisse avoir la moindre
chance de lui échapper.
***
Encore un rang à franchir et l'homme
au numéro 7 arrive à la hauteur du gosse, dont
l'immobilité parfaite pourrait maintenant
facilement servir de perchoir aux
oiseaux...
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